Le programme Lidcombe
Ce programme a été mis au point par une équipe de chercheurs et de cliniciens dirigée par le Professeur Mark Onslow. Il tire son nom de la banlieue de Sydney où est située la Faculté des Sciences.
Vers 1970, les premières recherches sur le bégaiement ont commencé en laboratoire aux États-Unis.
Les premières recherches eurent lieu dans le Minnesota en laboratoire. Des chercheurs (Richard Martin, Gerald Siegel, Samuel Harodson) ont mis en place une expérimentation :
- Un enfant de maternelle discutait avec une marionnette éclairée pendant 20 minutes.
- À chaque fois que l’enfant bégayait, la lumière s’éteignait, et la marionnette disparaissait.
- Les trois enfants ayant participé ont arrêté de bégayer.
Les chercheurs étaient américains, mais un stagiaire australien (Roger Ingham), qui faisait sa thèse à l’époque, a repris cette idée, marquant le début du programme Lidcombe.
Ce programme a été très controversé à son démarrage, car il allait à l’encontre des idées de l’époque. On pensait qu’il ne fallait pas attirer l’attention de l’enfant sur sa parole, mais se concentrer sur l’échange. De plus, les cliniciens craignaient que les parents administrent eux-mêmes le traitement.
Aujourd’hui, c’est le programme dont l’efficacité est la plus validée par les études.
Un cadre structuré en deux phases
Le programme Lidcombe se déroule en deux phases :
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Phase 1 : apprentissage et réduction du bégaiement
- Chaque semaine, les parents se rendent chez l’orthophoniste.
- Ils apprennent à évaluer quotidiennement la sévérité du bégaiement grâce à une échelle.
- Ils doivent commenter les productions de leur enfant lors d’un entraînement seul à seul.
- Lorsqu’un enfant parle sans bégayer, le parent peut :
- Faire un commentaire neutre : "Belle parole".
- Féliciter : "Champion des mots !".
- Demander une auto-évaluation : "Est-ce qu’elle est belle ta parole ?".
- Si l’enfant bégaie, le parent doit :
- Lui signaler ses disfluences sur un ton léger ("Oups, une petite bosse !").
- Faire une demande d'autocorrection.
- Petit à petit, l’enfant apprend à reconnaître sa parole fluide et à corriger lui-même ses bégaiements.
- Ratio à respecter : 5 commentaires après une parole fluente pour 1 commentaire après un bégayage.
- Durée moyenne : 16 semaines. Une réduction de 30% du bégaiement est généralement obtenue après 3 à 4 semaines.
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Phase 2 : maintien de la fluence
- Prévention des rechutes.
- Le parent diminue progressivement les commentaires positifs.
- Les conversations structurées sont abandonnées.
- Les séances avec l’orthophoniste s’espacent.
- Le parent et l’orthophoniste surveillent les signes de rechute avec l’échelle de sévérité.
- En cas de rechute, le parent est formé pour augmenter les commentaires positifs et réajuster le traitement.
À la fin du traitement, beaucoup de parents continuent de complimenter leur enfant sur sa parole, et cela s’étend souvent à d’autres comportements (exemple : lavage des dents), ce qui est bénéfique pour l’enfant et le parent.
Un programme simple et efficace
- Facile à mettre en place.
- Ne nécessite pas de changement environnemental pour les parents.
- Peut être appliqué dès 3 ans et demi, et de préférence avant 5-6 ans, période où la plasticité cérébrale est encore importante.
- Objectif principal : la disparition du bégaiement.
Vidéo récapitulative des points clés du programme Lidcombe.
Interview de Véronique Aumond
Brochure Lidcombe Program